vendredi 9 octobre 2009

«Medicalia» et «Enquêtes : la médecine et l'amour»

AVERTISSEMENT
Le contenu de la note qui suit est exclusivement destiné aux personnes travaillant dans le domaine médical, ou bien souffrant, ayant souffert ou prévoyant de souffrir d'afflictions telles que la viduité charnelle, l'onanisme morbide ou la tuberculose. Nous déclinons toute responsabilité en cas d'induction de troubles libidineux chez les lecteurs n'entrant pas dans ces catégories.


Enquêtes n°32 - janvier 1955
«La médecine et l'amour»
Edité par V. de Valence, Paris



Medicalia n°2 - 1952
Editions d'Essai de la Connaissance, Paris



Tout un programme.


Membres tendus

«Plaire et instruire» : telle était la devise de la regrettée revue Medicalia. Medicalia avait décidé d'éduquer ses lecteurs, qu'on imagine sous les traits de membres de la faculté des sciences, tout entier tendus vers le progrès et soucieux d'hygiène publique.


Courbes évocatrices

Évitant tout complaisance, cette noble publication ne s'interdisait aucun sujet, même les plus osés, aucun terme, même les plus crus, aucun modèle (dans une tranche d'âge située entre 21 et 35 ans, et avec une plastique irréprochable, car comme l'a dit un grec nommé Platon, «Le premier bien est la santé, le deuxième la beauté»). Les ventes de ce journal furent-elles à la hauteur ? Nous n'avons hélas pu trouver aucune statistique, aucune courbe évocatrice de ce succès (ni le numéro 3 du journal).



Enquêtes ne recule pas face aux sujets les plus austères.



Profondément pénétrés

Quelques années plus tard, le magazine Enquêtes, déjà connu pour de passionnants reportages dans les coulisses du Music-hall parisien et sur les plateaux de films d'art, livrait un numéro spécial sur «la médecine et l'amour», sans doute destiné à un public plus large, mais avec une ambition aussi grande : montrer un nombre considérable de jeunes femmes dénudées sans encourir les foudres des censeurs. Pénétrés en profondeur par la noblesse de leur mission, les rédacteurs et photographes de ce journal réussirent l'exploit d'allier un propos d'une grande tenue intellectuelle à des images d'une qualité graphique époustouflante.



Vous êtes maintenant conscients de la haute tenue éducative de ces publication : place aux citations et aux images !


1- MEDICALIA

Avec des titres d'une certaine tenue littéraire, Medicalia s'impose d'emblée comme une publication exigeante.

Le courrier des lecteurs ne dément pas cette recherche littéraire et culturelle :
Page 14, en réponse à une lettre de Mademoiselle Adrienne L. (page 14), concernant une sienne amie séduite et par un «vilain mufle», le docteur Fouqué a cette jolie phrase : «Les gars animés de mauvaises intentions sont en général prudents en leur épitres comme le serpent qui séduisit notre mère commune (…) Un de ces soirs allez donc voir Faust et méditez la sérénade de Méphisto : "Ne donne un baiser, ma belle, que la bague au doigt" ».

Page 15, Madame Colette K. «demande si Lady Hamilton, la célèbre maîtresse de Nelson, était lesbienne».
En réponse à un autre lecteur, Luc-Philippe, sont convoqués la Légende des Siècles, Flaubert et une strophe de Louis Bouilhet.


L'allaitement au lait de chèvre : un sujet d'hygiène publique traité avec sérieux par "le billet de la doctoresse" de Medicalia (pages 20-25)


Suit «L'Hybride», une fiction scientifique audacieuse signée Jacques Germinal (pseudonyme d'une plume fameuse ?), et un passionnant dossier sur le thème de «L'influence aphrodisiaque de l'Océan», où l'on apprend que «le sel marin, appliqué homéopathiquement, guérit la frigidité féminine», et que «les femmes du bord de la mer sont particulièrement amoureuses, appétentielles, et que leur tempérament et leur saveur augmentent plus on se rapproche de la côte». Ce qui nous est confirmé par nos auditeurs de la Bourboule.

Page 37, la rubrique l'Etude clinique est consacrée aux «Pubertaires : les tôt formées» et détaille le cas d'une jeune fille de 13 ans à laquelle La Doctoresse préconise «le scoutisme, excellent en pareil cas, et l'emploi intensif des hormones masculines en injections intramusculaires», et se conclut par ce conseil «Dès qu'elle atteindra l'âge légal, mariez la demoiselle qui a besoin de devenir une madame et une maman» (rappelons que cet âge était alors de 15 ans).


Une agréable pause dans ce déluge d'informations littéraires et scientifiques est proposée au lecteur pages 38 à 41 sous la forme d'un reportage sportif :


«La jeune femme qui illustre cette chronique a parcouru des milliers de kilomètres sur les fleuves, les rivières et les canaux et vous constaterez que sa poitrine ne s'en révèle pas moins extrêmement savoureuse»
Exploit d'autant plus remarquable que la délicieuse athlète n'utilise visiblement pas de rames.

Ce numéro de Medicalia serait incomplet sans un haletant dossier intitulé «Amour et tuberculose», dont l'auteur s'engage en ces termes «Je ne crains pas de soutenir que l'amour physique est un facteur de guérison puissant pour le tuberculeux s'il sait se sublimiser.»


Ce numéro de Medicalia se conclut par cette double injonction :






2- ENQUETES


En ce qui concerne la revue "Enquêtes", la seule photographie ayant un rapport autre qu'anatomique avec la médecine est celle de cette jeune personne portant un flacon de Borate de Soude.

Le niveau d'exigence littéraire et scientifique d'Enquêtes est clairement inférieur à celui de Medicalia : le seul auteur cité est Jules Romains (mentionné à deux reprises dans des articles différents) , et c'est l'organe (vocal) de Tino Rossi qui est donné en exemple de la voix, facteur sensoriel d'éveil au désir.





NDLA : La rédaction de la Bibliothèque Idéale cherche à se procurer les numéros 9 (la Femme et la Neige), 13 (L'île des nudistes) et 29 (L'amour en Allemagne).



Note de l'Hippopotable : ****



Deux ouvrages indispensables

vendredi 12 juin 2009

Le comique, le rire et l'humour



(Lettres du monde, 1978)
Auteur : Jacques VEISSID

Note de l'Hippopotable : ****

Peu nombreux sont nos lecteurs qui nous demandent de parler de feu Jacques Veissid (1934-1999). On se souvient rarement avec hilarité de ses histoires drôle dans "Eh bien raconte" vers 1975. Son esprit et son sens de la répartie ont également été mis à contribution par le truculent Philippe Bouvard à l'âge d'or des "Grosses Têtes". Et surtout, on lui doit une œuvre abondante et de qualité médiocre en tant que scénariste des "Pieds Nickelés" dans les années 60, et des mots d'esprit dans l'Almanach Vermot, véritable bible des humoristes.

Avec un tel pedigree, il n'est pas surprenant que Jacques Veissid ait souhaité écrire l'ouvrage de référence qui manquait à la pensée contemporaine sur ce sujet - très sérieux, mais oui - qu'est l'humour.

Ne vous méprenez pas : cet essai austère, souvent ardu, n'a pas pour vocation de provoquer le rire, ni même le sourire. Non, il s'agit ici d'un volume de pure théorie, qui trouvera plus naturellement sa place entre La République de Platon et La Critique de la Raison pure d'un autre philosophe, son nom nous échappe, que sur les étagères des toilettes avec "Pim Pam Poum" et "Le passage".

Fidèles à notre tradition, nous vous livrons ici une dizaine d'extraits du livre fastidieux de Jacques Veissid, qui démontrent la rigueur et la piètre qualité de ce texte :

"Nous pouvons finalement proposer cette définition du rire : Le rire est un signal indiquant que l'individu a cessé d'identifier l'univers extérieur, et qu'il se perçoit lui-même comme un corps physique ou comme une individualité." (p51)

"Ce qu'il y a à la base du rire du lecteur que l'histoire des bombes atomiques aura conduit à rire, c'est le sentiment d'être propriétaire d'une valise" ( p 129)

Finalement, deux extraits sont amplement suffisants tant, à la lecture de cet ouvrage, on découvre qu'il s'agit d'un tissus d'âneries.

La conclusion de cet ouvrage est franchement sinistre :

"Il est dangereux dans l'univers de la vie réelle de jouer avec l'humour. C'est là un sujet philosophique que je ne veux pas aborder ; qu'on me permette cependant d'exprimer cette mise en garde : craignons, à vouloir développer notre sens de l'humour, de perdre notre sens de l'humain".




Un ouvrage ennuyeux à mourir

Mise à jour :

A la demande de très nombreux auditeurs (un), voici la blague de la valise dans son intégralité.

"Les savants chinois apprennent à Mao que la Chine est capable de fabriquer des bombes atomiques de poche, pouvant tenir dans une valise. Mao dit alors à son conseiller :
- Magnifique ! Il nous suffit de fabriquer dix de ces bombes et d'envoyer dix de nos agents-kamikazes dans les plus grandes villes américaines pour mettre notre ennemi à genoux !
Le conseiller lui répond
- Impossible, grand timonier !
- Et pourquoi ? Ne pouvons nous pas trouver dix agents assez patriotes pour se sacrifier ?
- Si, mais on ne trouvera jamais dix valises !"

Je vous laisse juger de la pertinence de l'analyse de J.Veissid.

vendredi 27 mars 2009

Les accidents à la maison



… "Petit guide de sécurité familiale".

(Editions Sociales Françaises, 1954)
Auteur : Andrée BRAIVE
Illustrations : Jacques POIRIER
Photo de couverture : Robert DOISNEAU

Note de l'Hippopotable : ****

La sécurité, vous le savez, est un de nos sujets de prédilection. Nous vous avions déjà présenté dans ce blogue une brochure préventive ; voici maintenant un ouvrage très complet, contenant de nombreux conseils pratiques qui éviteront sans doute bien des accidents - et en provoqueront peut-être bien d'autres, mais n'anticipons pas.

Cet ouvrage est divisé en cinq parties, chacune s'ouvrant par une image dramatique, propre à frapper les esprits.

1- Les agents dangereux


Cet homme est-il un agent communiste envoyé pour étrangler nos rejetons ?

Il n'en est rien : ce chapitre aborde les thèmes bien connus des produits et substances à risques.
Il contient de nombreux conseils de bon aloi, comme celui-ci :



Chapitre 2 : la maison dangereuse


Pire qu'Amityville, la "maison du Diable" :
la "maison dangereuse" défenestre avec violence ses occupants !

Rassurez-vous, aucun phénomène paranormal dans ce chapitre, il ne s'agit que de banals accidents domestiques. Des conseils de bon sens suffisent en général à les prévenir.

Lorsque le bon sens ne suffit plus, la lobotomie ou quelques séances d'électrochocs peuvent prévenir bien des brûlures et entorses :


chapitre 3 : l'ignorance dangereuse


Si cet homme avait été plus au fait des lois de l'astronautique, il se serait rendu compte que son prototype de fusée n'avait aucune chance d'atteindre une altitude supérieure à quelques centimètres.


En réalité, pas besoin de s'appeler Von Braun pour bénéficier des conseils de ce chapitre : il y est essentiellement question de précautions élémentaires.

Citons en vrac :
"Ne faites pas ménage et cuisine en long peignoir à grandes manches voltigeantes, les cheveux dénoués."
"Méfiez vous du pilou"
"Ne confondez pas eau de Javel et vin blanc" (dont les propriétés antiseptiques sont médiocres).


chapitre 4 : l'âge dangereux

Il semble d'après cette image que l'âge dangereux est compris entre 35 et 45 ans, période à laquelle il n'est pas rare que l'on s'en prenne aux plus faibles.

Encore une image trompeuse ! Il ne s'agit pas dans ce chapitre d'infliger de mauvais traitements aux garnements, mais de prévenir accidents et catastrophes pour nos chers bambins.

Cette partie du manuel est particulièrement riche en conseils avisés.
En voici une petite sélection :


Attention aux grenades, ne laissez pas les enfants jouer sur les toits : qu'on se le dise.


Ce chapitre abonde aussi en conseils et méthodes éducatives souvent novatrices :



Lancez avec lui la vaisselle par les fenêtres.
Faites-lui observer comme le passant saigne abondamment.




"Non, maman, ça brûle ! - Mais tu vas la toucher, je te dis !"



Enfin, cette anecdote pleine de bon sens qui fera réfléchir plus d'une maman :

Faire les courses seul à trois ans, PARFAIT ; salir le pain, JAMAIS !


chapitre 5 : les remèdes



Bonne nouvelle : nos gars ont capturé l'agent dangereux du chapitre 1. S'il n'avoue pas, il perdra bientôt le bras droit, puis le gauche…




Un ouvrage indispensable